"APPROCHE SOMATIQUE ET/OU TECHNIQUE. SOMATIC AND/OR TECHNIC APPROACH"

Enseignantes présentes : Laura Faguer, Anne Garrigues,  Laure Marello, Emeline N’Guyen, Patricia Olive, Céline Perroud ainsi que Elodie Bernard du CDC le Pacifique

Excusée : Pascale Gilles

1/ Présentation de chacune et présentation de Idocde. Presentation of each one and Idocde

Ecoutes des paroles des personnes présentes au Symposium de LEAP à Vienne

2/ Introduction de la problématique par Anne. Introduction of the topic by Anne

Brain storming pour différencier les deux approches, somatique et technique (formelle) dans l’enseignement de la danse : méthodologie, outils, but et esprit.

3/ Expérimentation par deux autour d’une thématique choisie avec un exercice précis, et une approche des sensations et de la conscience du mouvement. Try out by 2 with an exercice, a sensitive approach and movement awareness.

Différenciation et combinaison des deux approches

4/ Partage en groupe des 3 propositions. Sharing the 3 proposals in group

5/ Echanges et discussion finale. Exchange and final discussion

La prochaine rencontre en février 2015 sera autour du « cadavre exquis » mis en place par la première équipe du projet. On choisira une thématique commune peut-être autour d’une partie du corps. Next meeting in February 2015 will be on "cadavre exquis" create by the 1st artist team of French Idocde.

Car « Tout seul on va vite mais à plusieurs on va plus loin ». (c'est de qui?)

From Laura Faguer :

These local meeting are a rich source of exchange to develop the teaching of dance from what is it now.
The topic "somatic/technic/technic/somatic" is very interesting and the meeting with teachers who come from of differents experiences bring a reflective exchange, that must be pursued.

After a presentation of each, the reasons of our presence, we listed words  one paper about  somatic and one paper about technic. (picture)

It has clarified the definition of somatic (differents techniques of somatic), the differents techniques of contemporary dance taught and it was interesseting to see the different point of view of each teacher on the classification of words.

Today few people (in france) teach one technique like a Cunningham or Graham, most teachers transmit a mix of severals currents, techniques, today the young teachers were trained a formation varied with Cunningham technique, Limon, somatic technique, martials arts, yoga.....

After, we proposed an exercice by two that mixed somatic and technique.
Patricia Olive and Laura Faguer:

We proposed an exercice of legs on the floor, taught a first time with the technique tools, analytic way, description...and a second time by the somatic technique. Two differents approaches, two qualities of movement differents. (video 4 and 5)

My question is always to know how you to balance the work of feeling, exploration, analytic movement who is very foundamental in learning to dance in the same time develop a technique work and enables students to be in movement in a dance (take pleasure without to be in analysis).

This meeting alowed a concrete/specific exchange in words and practice.

EN FRANÇAIS :

Ces rencontres (locales) sont une source d'échange riche pour développer/faire évoluer l'enseignement de la danse dans ce qu'elle devient/est actuellement.
La thématique abordées est très intéressante et la rencontre avec des enseignants de milieux, expériences différentes apporte un échange fructifiant, réflectif qui ne demande qu'à être poursuivie!

Après une brève présentation des unes et des autres et les raisons pour lesquelles nous étions intéressées par cette thématique, nous avons listé des mots qui tendaient plus vers la technique et d'autres plus vers le somatique.

Cela m’a permis d'éclaircir sur ce qu'était le somatique (les différentes techniques qu'il regroupe), les différentes techniques de danse contemporaines enseignées et de voir aussi le point de vue des unes et des autres sur une certaine  "classification" des mots. Au sujet des différentes techniques de danse : aujourd'hui peu d’enseignants se cantonne à une technique en particulier. La plupart façonnent leur enseignement avec tout ce qu'ils ont reçus, notamment les jeunes enseignants qui n'ont pas reçus une formation de type Cunningham ou Limon...

Par la suite, par deux,  nous avons fait une proposition qui mélange le somatique et la technique.

Patricia Olive et Laura Faguer
Proposition d'un exercice de jambes au sol écrit, enseigné une première fois de manière analytique, technique, descriptive et revisité une seconde fois avec les outils du BMC.
2 approches différentes qui amènent à des qualités de mouvement, une durée du mouvement différentes.

Ma grande question est toujours de savoir comment doser le travail de ressenti, d'analyse du mouvement qui est pour moi fondamental dans l'apprentissage de la danse tout en développant un travail technique et en permettant aux enseignés d'être dans le mouvement dansé.

L'échange avec les personnes présentes ce vendredi qui venaient  soit plus du somatique soit plus de la technique a permis un échange concret à la fois dans la parole et dans la pratique!

Notes de Pascale Gilles (excusée)

SOMATIQUE :  Un apprentissage de la danse par des pratiques empiriques        

TECHNIQUE : Un apprentissage de la danse par l'incorporation de codes chorégraphiques

SOMATIQUE : feeling, sensing and acting   Sentir, Ressentir et Agir                                                                        

TECHNIQUE : temps, espace poids et présence

SOMATIQUE :  Une organisation corporelle                                                                   

TECHNIQUE : Une forme

SOMATIQUE : Une utilisation de soi au service de l’élaboration d’une singularité de langage, d’une signature.

TECHNIQUE : Une utilisation de soi au service d’un travail d'interprétation

SOMATIQUE : Pratiques somatiques & courant de la post modern dance : Alexander, Feldenkrais, Body-Mind Centering, Skinner ReleaseTechnic, Ideokinesis, Rolfing, Eutonie …              

TECHNIQUE : la danse contemporaine & les diverses techniques Cunningham, Graham, Limon… 

Ecrits de Céline Perroud :

Nous sommes partie de la question qui s'était posée lors de la de la dernière rencontre LEAP au Pacifique : différencier le somatique et le technique.  Un sujet récurant puisqu'il à été soulevé lors de la mise en place du site web IDOCDE.

Nous avons fait un tour de table pour se présenter. Un groupe différent de la fois dernière avec deux personnes nouvelles enseignantes et thérapeutes. Nous étions 6 avec Anne.

Nous avons listé sur papier des mots sur le somatique et la technique sur papier pour essayer de différencier ces deux mondes très proches et souvent similaires. Pour ensuite créer une liste commune. (Ce que nous n'avons pas fait sur papier mais à travers la pratique par le mouvement.)

Nous avons aussi listé les différentes techniques de danse contemporaine. Des nombreuses sources apparaissaient. La question s'est posée sur les pratiques et les styles artistiques devenus des techniques de danse.

Après des discussions, Anne nous a proposé de travailler en binôme avec une personnes plus technique et l’autre somatique.

J’en viens à ma réflexion : le monde de la danse est en pleine transformation.   Alors que les stages et cours de Modern Jazz sont complets et le classique toujours à sa place,  le mouvement venant  du  somatique  dansé, contact improvisation  et composition instantanée, se développe à grande vitesse.

Et ce phénomène est pour moi le reflet de la société, à son évolution ou à sa perdition. D’une part il y a le besoin de se recentrer sur soi pour ne pas se perdre ou/et le besoin de se rattacher à un groupe d’individus, pour être rassuré et faire partie de quelque chose. D'autre part, au sujet de la danse contact-improvisation...  Elle permet aujourd'hui de rentrer dans la danse plus facilement pour tout un chacun sans être passé par des écoles, des formations et des structures qui demandent une certaine rigueur. Cette manière d'aborder la danse adopte une autre forme, de l'ordre du bien être et du respect de son corps où tout un chacun peut y trouver sa place. De nombreux réseaux se sont développés par les réseaux sociaux via internet. La danse redevient en quelque sorte accessible à tous comme un retour au bal populaire (Je pense au bal moderne mis en place dans les années 2000 entre Bruxelles et Paris). Cette forme plus douce et plus respectueuse permet aux élèves des structures académiques comme le conservatoire de Grenoble d'avoir une ouverture sur la formation de techniciens, d'intégrer l'humain donc la personnalité de chacun.

Pour avoir vécu une formation initiale en danse plutôt académique et pour contrebalancer le développement de ce bien être, je trouve que la rigueur, l’assiduité, l'acharnement par la volonté semble avoir disparu.

L'équilibre de ces deux formes est tellement important.

Je finirai par ma propre expérience, en tant qu’ancienne élève du conservatoire de Grenoble, dans les années fin 80 puis formée au CNDC d'Angers en passant par des cursus de formations approfondis, je peux dire que j'ai eu la chance de suivre ces formations pour arriver sur le monde du travail et donc vivre de mon travail avec tous les outils techniques nécessaires. Mes choix de travail en compagnie de danse ont été dirigés par le besoin de confronter divers techniques artistiques en allant vers des propositions artistiques, chorégraphiques spécifiques tester les limites, d'une part et d'autre part, continuer à me former à travers mes expériences en tant que danseuse professionnelle, à ce que je n’avais pas reçu, ce qui me manquait. C'est à ce moment là que j’ai compris qu'il y a l'apprentissage par les écoles de formation et que malgré tout, mon apprentissage ne faisait que commencer.

Durant mes études au CNDC d'Angers, en étudiant aux côté d'élèves arrivants d'horizons différents, je me suis fait la réflexion : qu'ont-ils de plus ? Je pense à Anna Stegnar et Maja Delak (qui par la suite a créé l'école en Slovénie, toutes les deux présentes sur les rencontre IDOCDE) qui arrivaient de Slovénie pour apprendre parce qu’il n'y avait pas les même structures dans leurs pays, moi j'avais la chance de pouvoir accéder à ces écoles.

Je m’interroge sur la personnalité du danseur. Qui suis-je derrière cette technicienne, danseuse- interprète devenue plus tard  à l'écoute de son corps, cet outils merveilleux, pour le vivre encore.

Enfin, comment rassembler en une vie le maximum de nos capacités physique (corps voix et mental) au service de la danse ? C’est un échange équilibré car elle nous le rends bien…

Merci pour ce beau projet !

Réflexions de Anne Garrigues :

En France, le champs somatique arrive peu à peu. S’il infuse la formation technique des danseurs professionnels , il n’est pas  toujours apparent. Il existe même une dichotomie entre apprentissage somatique et/ou formel. Les valeurs que le champs somatique portent entrent en conflit avec l’enseignement technique formel nécessaire aux danseurs professionnels. Pour les enseignants qui travaillent auprès de jeunes danseurs au sein d’institutions et au cours de leur formation initiale, il n’est pas simple d’avoir une approche radicalement somatique.

Dans la pratique amateurs, ce n’est pas forcement la même chose. (Voir notes de Céline)

Au Symposium de Vienne, j’ai mesuré l’importance de la formation que le CNDD et la SNDD ont amené à la danse européenne depuis les années 1980… Mais ce n’est pas la même chose en France qui a ses propres écoles.

Aussi, je me pose une question : Pourquoi faite une "tabula rasa" sur les apports techniques formels ? Les repères extérieurs que donnent l’enseignement formel, sont structurants. Ils participent à un apprentissage par l’adaptation, pour le différencier de l’apprentissage par assimilation, qui met l’expérience personnelle plus en avant, comme dans le champs somatique.

Il y a des liens sousjacents entre les techniques d’enseignement, formelles ou somatiques et les danses générées… Le développement de la danse, de ses formes esthétiques, passe par des corporeités. Est-ce que les techniques de danse fortement influencées par les approches somatiques véhiculeraient une esthétique au tonus plus bas, avec peu de spécificité et une vitesse plus calme. C'est une question que nous nous sommes posée, mais je n'en suis pas si sûre. Lorsque j’ai repris la pièce « Dance (praticable) » de Frédéric Gies en 2011 avec 14 amateurs, nous avons passé une année complète à  bouger avec les organes, les fluides, le systèmes nerveux et les glandes. Les danses générées par chacun d’eux avaient toujours une base commune, spécifique,mais aussi beaucoup d’énergie et de clarté, de rythme et de l’élan selon les besoins de la partition.

Enfin, dans nos sociétés occidentale, depûisle XVIII sicle environ, la danse est un art qui donne à voir, un art de la scène . Elle demande des experts, techniciens extrèmement doués et entrainés. La pratique somatique et les approches dansées qui en ont découlé comme la danse contact ou le Life Art Process, amène des formes de danse partagée, des pratiques horizontale adaptées à tous.  C'est un changement de paradigme, pas seulement un changement de style.

Ce furent des échanges théoriques et pratiques riches et nourriciers.